Viva Technology, plus grand salon mondial de l’innovation, battait son plein la semaine dernière (16 – 18 mai 2019).

Très largement couvert par les médias, j’ai choisi de l’aborder d’un point de vue plus humain, en vous présentant les start-up qui se cachent derrière (plutôt que les annonces sensationnels des principaux acteurs) ! Car on a tendance à l’oublier, mais derrière chaque innovation, il y a le travail acharné de passionnés.

Je ne parlerai donc pas des conférences avec leurs invités très prestigieux, et me concentrerai ici sur les start-up que j’ai pu rencontrer.

Quelques chiffres pour bien mesurer VivaTech 2019

Si vous avez déjà lu des articles sur Viva Tech, je ne vais rien vous apprendre. Ce qu’il faut savoir en tout cas, c’est qu’il est le plus grand salon au monde axé sur l’innovation et les start-up :

  • Ce sont 124 000 visiteurs qui se sont pressés dans les deux grands halls cette année, originaires de 125 pays !
  • 13 000 start-up étaient présentes, me forçant à bien choisir qui je rencontrais (par manque de temps pour tout voir)
  • 3 300 investisseurs se promenaient également, à la recherche de leur prochaine licorne (une start-up extrêmement prometteuse) : on parle de business angels
  • J’ai dit qu’il y avait beaucoup de médias… 2 500 personnes pour être exact avaient le badge !
  • Enfin, cette année pour sa 4e édition, VivaTech 2019 a beaucoup misé sur les réseaux sociaux et atteint 231 millions de personnes avec 3 milliards de vues !

Mais rassurez-vous, une fois sur place, vous n’avez pas l’impression d’étouffer (les hangars sont vraiment grands, et le jeudi/vendredi est réservé aux professionnels) et tout le monde est très avenant.

Des rencontres enrichissantes

Comment ai-je organisé mes journées ? Contrairement à l’an passé, j’ai décidé de réserver mon jeudi à la rencontre de sociétés, soit complètement au hasard, soit en ayant pris rendez-vous au préalable ! Alors partons ensemble à la rencontre de ces acteurs aux bonnes idées.

Les grands groupes : des commerciaux avant tout

Stand Google à Viva Tech
La maison « Google » avec ses nombreuses pièces avant-gardistes (crédit : Lambert Rosique)

Forcément, quand on arrive à Viva Technology, les premiers stands sont ceux de Google et Facebook. Misant tout sur l’aspect « wahou » et commercial, il m’a été impossible d’avoir la moindre explication sur les IA qui se cachaient derrière leurs maisons du futur dont la cuisine s’adapte aux ingrédients (Google), le messenger dédié à la politique pour les jeunes (Facebook) ou encore le compositeur musical qui n’a besoin de quasiment aucune note (Facebook).

Bien sûr, je pourrais également citer Orange (qui m’ont laissé une bonne impression), la SNCF, TF1, Thalès, etc…

Un grand show de l’automobile ?

L’année dernière, je m’étais émerveillé devant les voitures « volantes », les bateaux du futur, la cabine spatiale et évidemment les voitures autonomes. Pour cette édition 2019 cependant, tout le monde s’est mis d’accord sur la direction à suivre : l’automobile.

Aucune des innovations précédentes n’a été montrée (à quelques micro-exceptions près), en dehors des voitures : zéro-carbone, autonome, intelligente, chaque entreprise cherche à se démarquer de la concurrence, à tel point que je ne me suis arrêté qu’à deux ou trois stands :

  • AKKA : c’est l’entreprise pour laquelle je travaille, dans la partie machine learning et deep learning (donc intelligence artificielle), et également celle qui a inventé la Smart Bertone, une voiture intelligente qui vient accompagner le conducteur que ce soit dans sa conduite, dans son tableau de bord et son confort intérieur, mais aussi dans son volant et dans la structure même du véhicule !
  • Citroën : la « 19_19 Concept » m’a impressionné, que ce soit pour son design élégant/futuriste, son assistant vocal ou sa réalisation d’un habitacle « suspendu » pour mieux absorber les cahots de la route, rendant l’expérience de conduite parfaitement lisse.

Peut-être que la nouvelle génération de capteurs LiDAR à faible coût et compacts mais tout aussi performants de la start-up Blickfeld viendra un jour équiper tous ses beaux projets qui ont avant tout besoin de voir leur environnement pour devenir autonomes ?

L’apprentissage des grands comme des petits

La partie « learning » était très présente, avec de nombreuses start-up voulant révolutionner notre manière d’aborder l’enseignement.

  • Ayant beaucoup entendu parler de 360 Learning, j’étais pressé de les rencontrer. Ces derniers proposent une plateforme à destination des sociétés, permettant à leurs collaborateurs « sachant » d’écrire des leçons et de les partager très facilement. Partage des connaissances, culture de l’entreprise, nouvelle « casquette » pour ceux que cela intéresse… De nombreuses promesses qui m’ont semblé à portée de main grâce à leur site. A noter que la question a été posée par un professeur d’Université de savoir si c’était utilisable dans un cadre scolaire : la réponse est « oui », puisque des QCM sont à disposition.
  • Ensuite, je suis tombé sur un concept pour les enfants pas tout à fait novateur mais terriblement efficace : l’animation automatique de dessins, via « Cahier de dessin animé« . Achetez l’un de leurs cahiers, laissez votre enfant colorier les dessins déjà imprimés, puis avec votre téléphone visez simplement les pages. Une belle histoire animée va ainsi se lancer, avec les couleurs et les dessins !
  • Enfin, beaucoup plus orienté « serious game », Celestory Creator m’a montré comment, en seulement une heure et zéro ligne de code (pour moi qui manipule l’outil qu’ils ont créé), tout un univers antique a été créé et a permis, via Alexa d’Amazon pour les échanges vocaux, de déterminer mon profil de négociateur. De quoi facilement transformer une formation ou même un simple sondage en épopée prenante et enrichissante.

Bien sûr, les jeux n’étaient pas en reste, avec de nombreuses innovations dont un système de retour haptique basé sur les vibrations de la souris, l’application tablette d’IBM pour jouer avec la physique quantique, que j’ai particulièrement adoré (et fut le premier à finir !! ^^), le morpion « géant », les casques de VR sur des planches pour simuler le vol d’un oiseau… et j’en passe.

Les incubateurs de start-up au premier plan

Quoi de mieux pour rencontrer des start-up que de rencontrer ceux qui accompagnent les start-up ? Je suis donc parti à la rencontre de deux incubateurs à VivaTech 2019.

ZEBOX

Matthieu Somekh de ZEBOX et France is AI (crédit : ZEBOX)

A la fois incubateur et accélérateur dans la région marseillaise, ZEBOX est dirigée par l’expert Matthieu Somekh (Président de France is AI, un événement parisien reconnu pour son niveau de technicité sur l’intelligence artificielle) qui m’a présenté son activité (étant moi-même étranger à cette culture particulière).

Ce sont donc deux fois huit start-up qui sont accompagnées chaque année par ZEBOX (pour la partie « accélération ») sinon quinze start-up (inscrites au programme « incubation), dans des secteurs tels que le transport, la logistique, la mobilité, l’industrie 4.0 et de manière générale l’innovation, sans pour autant être basées à Marseille (certaines viennent des pays du nord ou du sud par exemple). Avec de nombreux partenaires, le rôle de ZEBOX est à la fois de conseiller et de mettre en relation, faisant parfois le lien entre l’Académie et l’Industrie, via par exemple des start-up comme Hello Harold qui, à partir d’une IA d’analyse d’image, peut estimer avec précision le prix de revente de votre voiture !

Dans la mesure où les critères d’éligibilité de ZEBOX sont « avoir un POC qui marche » (selon les mots de Matthieu), j’ai pu voir des applications concrètes également dans le domaine médical avec ROFIM une plateforme médicale d’échange et de transfert d’imagerie médicale et dans la blockchain (car comme beaucoup d’incubateurs, on ne se limite pas à l’IA mais à tous les domaines connexes : blockchain, IoT, industrie 4.0, robotique…) avec NeuroChain qui base toute son infrastructure sur une blockchain couplée avec du machine learning pour son protocole de consensus révolutionnaire, mais qui devra, je pense, être validé par ses pairs avant d’être largement adopté (car tous les consensus font débat, c’est bien connu). Peut-être reviendrons-nous dessus dans un autre article ?

Enfin, même si je n’ai pas eu l’occasion de les rencontrer (à mon grand dam), altGR fait aussi partie de ZEBOX et propose grâce à un nouveau genre d’algorithmes de deep learning inspirés du cortex cérébral humain de… réduire la quantité de données nécessaires à un entraînement d’une IA de 99.9% !!! De quoi faire rêver, donc affaire à suivre.

CNRS Innovation

Je ne vais pas m’étendre dans ce paragraphe, mais je remercie chaleureusement le CNRS Innovation de m’avoir accueilli et présenté les start-up qu’ils encadrent, dans des domaines très variés :

  • des batteries nouvelle génération (charge plus rapide, durée de vie plus longue) avec Tiamat
  • des capteurs plus puissants et miniaturisés, que ce soit pour les véhicules autonomes/drones (Curve One), pour identifier rapidement des tissus biologiques avec une IA (Sensome) ou pour scanner des oeuvres d’art et en faire des versions 3D (Mercurio)
  • des systèmes de propulsion électriques avec ThrustMe, dont l’ambition est d’atteindre économiquement et écologiquement les étoiles

N’hésitez pas à regarder leur site internet présentant toutes ces compagnies, car leurs idées sont à la fois novatrices et prometteuses (car l’un des enjeux fondamentaux est d’avoir un prototype fonctionnel et démontrable).

Et maintenant ?

On est encore loin d’avoir fait le tour de tout ce que j’ai pu découvrir lors de ce salon ou de toutes les personnes avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger, que ce soit sur l’avenir de l’IA ou sur une photo imprimée grâce à messenger en live (merci Komito).

Ceci étant, rien de ce qui me reste à dire ne se différenciera vraiment des autres articles sur Viva Technology. En effet, les médias ont tendance à préférer les annonces sensationnelles de grands groupes (qui les favorisent lors d’événements comme celui-ci), et laissent parfois de côté les start-up (alors que VivaTech leur est dédié). J’espère leur avoir rendu au moins un peu justice, et vous laisse avec quelques photos !

Crédit de l’image de couverture : Lambert Rosique