Lorsque l’on parle de robots et d’automatisation des professions, on pense généralement aux métiers plutôt manuels, où l’intérêt est immédiatement visible. Pour les travaux intellectuels ou requérant de l’empathie, la tâche se complique.

Alors d’imaginer que des professeurs puissent être « remplacés » par des robots d’ici 10 ans parait absurde… Pourtant, c’est ce que pensent certains experts en éducation !

Nous verrons tout d’abord pourquoi vouloir d’une telle chose, puis quelles sont les difficultés et enfin comment aller de l’avant.

L’éducation, enjeu majeur de 2030

sustainable development goals
(crédit : UN UkraineCC BY-ND 2.0)

Début 2016, l’agenda du développement durable pour 2030 des Nations Unies est entré en vigueur.

On y trouve en 4ème objectif sur 17 : « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Parti du constat que plusieurs millions d’enfants n’ont reçu quasiment aucune éducation, les Nations Unies souhaitent démocratiser, autant chez les garçons que chez les filles, l’accès à la connaissance.

Ceci étant, pour réaliser cet objectif et en tenant compte des départs à la retraite ou cessation d’activité des enseignants déjà en place, il faudrait recruter dans le monde un total de… 44.4 millions de professeurs pour 2030.

En plus de représenter une somme considérable d’argent (salaires, congés, formations, évaluations, etc…), trouver autant de personnes réparties correctement sur le globe serait un vrai challenge. Par conséquent, l’emploi de robots dotés d’une intelligence artificielle semble être l’alternative la plus viable pour compenser ce manque d’enseignants.

Robot professeur : les fonctionnalités indispensables

Mais ce n’est pas parce que l’on a la volonté de développer ce secteur que la tâche est aisée. Voyons quelles capacités doit avoir notre intelligence artificielle professeure.

Tout d’abord, ils devront gérer efficacement le chaos ambiant de la classe, pour garder une atmosphère propice à l’apprentissage. Cela passera par diverses techniques pour intéresser ceux qui ont besoin de motivation, « défier » ceux qui avancent plus vite, « comprendre » ceux dont les problèmes sont extérieurs…

Par exemple, un professeur peut se retrouver face à un élève dont les parents sont trop impliqués ou pas assez impliqués dans l’éducation de l’enfant, perturbant ainsi ses capacités en classe. L’IA devra donc être capable d’analyser cet ensemble de facteurs au sein même d’une classe de 30 élèves, choses que les professeurs peuvent avoir du mal à faire (limitations humaines).

L’empathie est également indispensable, puisqu’elle nous aide à nous comprendre les uns les autres. Est-ce qu’un robot pourra comprendre un jeune alors qu’il n’aura jamais été lui-même adolescent ?

Comment allier humain et machine pour s’améliorer ?

Si beaucoup de problématiques peuvent nous paraître insurmontables, il ne faut pas oublier les progrès pharaoniques de ces dernières années en matière d’intelligence artificielle. Ainsi, Anthony Seldon, expert en éducation, n’hésite pas à affirmer que les robots commenceront à enseigner d’ici 2027.

humain collaboration robot
(crédit : U.S. Air Force photo / Gina Marie Giardina)

Beaucoup d’autres personnes, cependant, telle Rose Luckin (professeure à l’University College London Knowledge Lab) soutiennent qu’une collaboration humain-robot serait plus bénéfique. En effet, les intelligences artificielles auront beaucoup de mal à s’immiscer dans les écoles seules (elles rencontreront une résistance de la part des enseignants et des parents d’élèves), mais seront un atout indéniable pour les professeurs.

Capables d’analyser le comportement de chaque élève puis de fournir un rapport à l’enseignant, de corriger des copies, de déterminer le programme à suivre au jour le jour, d’adapter les exercices à chaque enfant… Les possibilités « analytiques et prédictives » sont immenses et ne mettent pas en péril l’éducation.

De plus, l’intelligence artificielle pourrait également se retrouver directement dans la chambre des enfants pour les aider à faire leurs devoirs et répondre à leurs questions : on aurait une IA assistante et des IA tutrices, le tout chaperonné par un professeur !

Vous l’aurez donc compris, il est peu probable que l’intelligence artificielle remplace nos professeurs d’ici 2030, mais une modernisation de l’école (au-delà de l’IoT et de la digitalisation) sera un plus qui nous mettra sur la voie des 17 objectifs des Nations Unies.

Crédit de l’image de couverture : U.S. Air Force photo/Deidre Ortiz

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