On ne présente plus Elon Musk, l’entrepreneur américain aux projets fous mais bel et bien concrétisés, qui est derrière Tesla, SpaceX, HyperLoop ou encore Neuralink.
Hier, pour la première fois depuis la création de la mystérieuse société Neuralink, E. Musk a enfin dévoilé ses ambitions au public lors d’une conférence : interface homme-machine du futur, implants cérébraux, robot aux commandes… Entrez avec nous dans les secrets de cette révolution futuriste.
Lire la publication de Neuralink
Déroulé de la conférence de Neuralink
Neuralink a été créée en 2017 à San Francisco (USA), dans le but de ne pas opposer la machine (l’IA) à l’homme, mais de travailler en symbiose.
Prête à passer à l’étape supérieure et en quête de nouveaux talents pour mener son projet à terme, certains de ses acteurs sont intervenus à tour de rôle pour nous présenter les idées et surtout les résultats qui se cachent derrière ces deux années de recherche.
- 1h30’04 : début de la conférence (en anglais)
- 1h32’43 : intervention d’Elon Musk
- 1h49’55 : intervention de Max Hodak (Président de Neuralink)
- 2h05’07 : intervention de Matt McDougall (neurochirurgien)
- 2h11’29 : intervention de Vanessa Tolosa (membre de l’équipe fondatrice de Neuralink, chargée du groupe interfaces neuronales)
- 2h19’29 : intervention de DJ SEO (directeur des systèmes d’implants)
- 2h27’39 : intervention de Philip Sabes (senior scientist)
- 2h47’16 : séance de questions-réponses animée par Elon Musk
Lien vers la conférence Youtube
Qu’est-ce qu’une BCI (interface cerveau/machine)
Une IHM (Interface Homme-Machine) est tout simplement une interface qui permet à un humain d’interagir avec une machine.
Les BCI (Brain-Computer Interface = Interface Cerveau-Machine), elles, sont des IHM beaucoup plus difficiles à réaliser car le contrôle de l’ordinateur se fait directement par le cerveau. Pensez que vous levez votre bras robotique, et il bougera. Souhaitez ouvrir un navigateur et il s’exécutera. Le champ des possibilités est très vaste, et l’on distingue deux approches principales :
- les connexions invasives, où des implants sont positionnés dans le cerveau pour émettre et/ou recevoir les informations
- les connexions non-invasives, où l’on utilise des appareils comme l’électroencéphalogramme pour mesurer l’activité du cerveau depuis l’extérieur et y reconnaître, par exemple, l’ordre de lever le bras
Neuralink dévoilée : de belles promesses et réalisations !
Des fils microscopiques pour lire le cerveau
De petits fils (« threads » en anglais) d’une épaisseur de 1/20ème de cheveux (soit environ 4 micromètres) ont été fabriqués chez Neuralink et détectent l’activité des neurones directement dans le cerveau, grâce à leurs nombreuses électrodes.
Le système complet est une puce (matrice) de 96 fils avec chacun ses 32 électrodes (soit 3072 électrodes au total). Disposant ainsi de 1000 fois plus d’électrodes dans le cerveau que la meilleure puce utilisée pour la recherche sur la maladie de Parkinson et approuvée par l’autorité de la santé américaine FDA, cette matrice de fils serait ainsi capable de détecter suffisamment de neurones pour comprendre précisément ce à quoi pense notre cerveau…
A noter que la puce a été conçue pour enregistrer, nettoyer puis amplifier les signaux du cerveau. Le système est relié au monde extérieur par un boitier positionné derrière l’oreille et relié en USB-C à un ordinateur (mais une liaison sans fil est évidemment à l’étude).
Mais comment les placer dans le cerveau ?
Si habituellement un neurochirurgien doit prendre le contrôle d’un robot, pour diminuer les risques d’erreurs et avoir une meilleure précision, Elon Musk a présenté un nouveau modèle autonome.
Après avoir percé 4 trous de 8mm dans le crâne d’animaux, le robot est venu disposer les fils dans les différentes aires du cerveau en seulement quelques minutes (6 fils/minute) !
Pourtant, les expérimentations humaines semblent encore devoir attendre 2020 pour avoir lieu, car ce type d’opération est très contrôlé. Peut-être que l’utilisation d’un laser, comme l’espère Elon Musk, permettra de simplifier le processus de perçage du crâne et diminuera le risque de complication ?
Des résultats concluants sur des rats de laboratoire
Dans la publication de Neuralink exposée en début d’article, on apprend que la société est venue placer ses puces dans le cerveau d’au-moins 19 animaux, et avec un taux de réussite de 87%.
La puce de Neuralink a ainsi pu enregistrer 10 fois plus d’activité que les puces traditionnelles du marché (de l’état de l’art), ce qui laisse présager de nombreuses applications, même si aucune avec les animaux n’a été donnée lors de la conférence.
Aucune ? En réalité, lors de la session de questions-réponses, Elon Musk a indiqué qu’un singe, équipé de la puce, avait réussi à contrôler un ordinateur avec son cerveau. Une information sensationnaliste à prendre avec des pincettes pour l’instant.
De très nombreuses applications et une configuration simplifiée
Bien sûr, contrôler au sens littéral son ordinateur est l’un des premiers enjeux pour un tel système. Par exemple :
- déplacer la souris et cliquer sur des boutons
- ouvrir un navigateur internet et effectuer des recherches ou ouvrir des liens
Mais qui dit « effectuer des recherches » implique qu’il faut pouvoir saisir du texte. C’est justement la principale application mise en avant par Neuralink dans la conférence : les patients devraient, on l’espère, pouvoir écrire 40 mots par minute environ !
Dans un futur plus ou moins éloigné, la firme espère pouvoir télécharger de nouvelles langues dans notre cerveau ou permettre la communication esprit à esprit, à l’image du roman Nexus de Ramez Naam.
Pour ce qui est de la configuration, chaque esprit étant différent, Neuralink n’exclut pas la possibilité de développer une application mobile qui nous ferait répéter de petits exercices de calibration afin de bien relier « activité cérébrale » et « action attendue ». Quelques concepts ont d’ailleurs été présentés pour une application iOS.
Un point de blocage à venir
Si l’on met de côté les questions éthiques et médicales, Neuralink devra également trouver une solution à notre système immunitaire, qui considèrent les fils de la puce comme un corps étranger dont il faut se débarrasser (comme pour certaines greffes) en les entourant de tissus cicatriciels.
Cela pose à la fois un problème de santé, mais aussi d’efficacité de la puce dont les électrodes voient leurs signaux bloqués par notre propre corps !
Galerie d’images
Voici quelques images fournies par la compagnie sur son dispositif.
Crédit de l’image de couverture : à la courtoisie de Neuralink